J’ai toujours été étonné de voir les différences de perception sur ce qu’est l’alcoolisme. Quand je disais à quelques ami(e)s proches que je pensais que j’étais alcoolique, la plupart (la totalité ?) se récriait, en me disant “Ah mais non, pas du tout, un alcoolique, c’est quelqu’un qui se lève le matin, et qui tremble tant qu’il n’a pas bu un verre d’alcool, donc toi tu n’es pas alcoolique”. Leur définition était tellement restrictive qu’elle leur permettait de ne pas se poser la question sur leur propre consommation. Je leur opposais ma propre définition de l’époque (”un alcoolique, c’est une personne qui boit régulièrement, depuis des années, et qui dit “je pourrais m’arrêter” mais qui ne le fait jamais”). J’ajoutais une dose communément admise : une personne qui boit, en moyenne, plus de 3 verres par jour (en moyenne sur une semaine).

Et puis j’ai commencé à lire, ou à écouter des médecins, et j’en viens aujourd’hui aux tentatives de définitions suivantes :

- une personne qui “tremble le matin tant qu’elle n’a pas eu un verre” est un malade de l’alcool. C’est un stade bien plus sévère que l’alcoolisme, mais c’est l’arbre qui cache la forêt ;

- un alcoolique, selon moi, est dépendant. Cela peut être une dépendance physique (ce qui se rapproche d’être malade de l’alcool), mais le plus souvent, c’est une dépendance psychologique : la personne a l’impression qu’elle contrôle sa vie (puisqu’elle n’a pas de troubles physiques), elle se leurre avec l’idée qu’elle pourrait arrêter à tout moment, mais elle ne peut pas s’arrêter. L’alcool sert d’anxiolytique, de matelas protecteur, de fuite. J’ai toujours été étonné de voir que la plupart des personnes considérait que, parce qu’il n’y avait pas de dépendance physique, il n’y avait pas de dépendance. Mais je me souviens de fois (nombreuses) où je cherchais un verre “pour me calmer”. Et la sensation de manque, l’envie de boire, je les ai encore, alors même que je n’ai jamais eu de syndrome de manque physique.

- les définitions sont nombreuses, et floues. Il n’y a qu’à voir l’article de Wikipedia sur le sujet.

Aussi, à défaut d’une définition “précise”, j’aime bien retenir l’approche des AA : en effet, définir précisément l’alcoolisme n’est pas forcément le but. Le but (définition ou pas) est d’identifier qui est alcoolique et qui - a priori - ne l’est pas. Pour cela, pas besoin de définition, il s’agit juste de répondre à un questionnaire. Il y a en fait deux types de questionnaires chez les AA :

  • un questionnaire en 12 questions, dans la rubrique “AA est-il pour vous”. Je ne cite pas ici, car pour moi, ce n’est pas tant un questionnaire de diagnostic : plutôt un questionnaire pour savoir si les AA peuvent nous aider.
  • un questionnaire de 20 questions intitulé “êtes-vous un alcoolique ?” C’est un questionnaire médical utilisé par l’hôpital universitaire John Hopkins, Baltimore (USA). C’est ce second questionnaire que je reproduis ci-dessous. Essayez de répondre franchement aux 20 question, et comptez le nombre de “oui”.

Êtes-vous un alcoolique ?

  1. la boisson est-elle une cause d’absence de votre travail ?
  2. Le fait de boire rend-il votre famille malheureuse ?
  3. Buvez-vous parce que vous êtes mal à l’aise avec les gens ?
  4. Buvez-vous au point d’affecter votre réputation ?
  5. Avez-vous jamais éprouvé des remords après avoir bu ?
  6. Avez-vous jamais éprouvé des difficultés financières du fait d’avoir bu ?
  7. Lorsque vous buvez, fréquentez-vous de mauvais compagnons et un milieu de condition inférieure ?
  8. Négligez-vous le bien-être de votre famille lorsque vous buvez ?
  9. Depuis que vous buvez, manquez-vous d’ambition ?
  10. Êtes-vous obsédé par le désir de boire à certains moments du jour ?
  11. Désirez-vous prendre un verre le lendemain matin ?
  12. Avez-vous des difficultés à dormir lorsque vous buvez ?
  13. Vos capacités ont-elles diminué depuis que vous buvez ?
  14. La boisson compromet-elle votre position ou votre commerce ?
  15. Buvez-vous pour fuir des ennuis ou des embarras ?
  16. Buvez-vous tout seul ?
  17. Avez-vous déjà eu une perte de mémoire lorsque vous buvez ?
  18. Votre médecin vous a-t-il déjà traité pour alcoolisme ?
  19. Buvez-vous pour raffermir votre confiance en vous-même ?
  20. Avez-vous déjà fait un séjour dans un hôpital ou dans une institution à cause d’alcoolisme ?

Si vous avez répondu scrupuleusement à ce questionnaire, voici maintenant le décryptage : si vous avez répondu oui à une des questions, il y a présomption que vous soyiez un alcoolique ; si vous avez répondu oui à deux de ces questions, il y a des chances que vous soyiez alcoolique ; si vous avez répondu oui à trois questions ou plus, vous êtes clairement un alcoolique.

Pour ma part, j’avais répondu oui quand j’en étais sûr, sinon, dans le doute, je répondais non.

J’ai répondu oui à 9 questions sur 20 (les questions 2, 4, 5, 10, 11, 12, 15, 16, 17).

Je suis donc clairement alcoolique.

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Quelques mots sur moi...

Je suis un homme qui a plusieurs démons, et je voulais un lieu pour en parler. A l'heure actuelle, ce blog me sert à chroniquer mon combat contre l'alcool.

 

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